Interviews de Petit VODO
pour le fanzine T'EM #1
novembre 1997

 

Tout ce que j'avais pu entendre sur Petit Vodo me donnait très envie de l'écouter live et de le rencontrer. En allant faire le petit bout d'interview avec DNA, je rencontrai le manager de Petit Vodo. Celui-ci me donna rendez-vous pour une interview à la fin de la soirée, une fois que j’aurais pu voir Petit Vodo sur scène. Chose faite et armé de questions je me retrouvais dans les loges en face de l'extra-terrestre. Ambiance fin de soirée assez décontractée...

"Je lui ai dit : Hey man, t'assures comme une bête !" Jimi Hendrix

T’EM : Depuis quand existe Petit Vodo ?

Petit Vodo : Depuis 2 ans, j'étais à l'époque batteur d'un groupe de blues et le groupe a splitté et je me suis retrouvé seul avec ma copine qui attendait un petit garçon et donc j'avais envie de rester avec elle. J'ai commencé à faire mes propres maquettes, j'ai appris un peu la guitare et j'ai essayé de trouver une méthode par nécessité au départ pour jouer à la fois de la batterie et de la guitare. Et peu à peu des musiciens sont venus me voir, un contre-bassiste, un batteur également et puis ça ne fonctionnait pas. Et donc peu à peu, j'ai fait mes propres maquettes seul avec un petit multi-pistes, comme beaucoup. Et puis j'ai essayé de trouver une formule simple. Ca fait deux ans et je suis sur scène depuis février 97, soit entre 25-28 concerts.

T’EM : Que fais-tu dans la vie ?

Petit Vodo : J'enseigne à la faculté de Bordeaux. Je suis agrégé d'art plastique. Je suis peintre à la base, et mon travail musical et mon travail plastique ont toujours été liés, tout le temps.

T’EM : Comment définirais-tu ta musique ?

Petit Vodo : Je ne la définirais pas.

T’EM : Tu la laisserais être définie ?

Petit Vodo : Oui, plutôt. Je peux dire de quoi je pars, c'est à dire ce que j'aime. Je n'ai pas une énorme culture musicale, j'écoute du Blues, du Jazz et surtout du Rock'n'Roll sixties, seventies. Des Stones au Kings, en passant par Bowie et Lou Reed, les Stooges. Plus récemment le Blues Explosion de Jon Spencer, mais ça passe aussi par Beck.

T’EM : Dans ce que tu écoutes. il n'y aurait pas Ministry ?

Petit Vodo : Dans la guitare peut-être. Il y a une journaliste qui m'avait dit ça une fois. Je n'écoute pas Ministry, je n'ai aucun album. Je ne connais pas plus que ça en fait.

T’EM : Quel est l'accueil du public?

Petit Vodo : Très bien, j'ai de la chance. Avec les groupes également, que ce soit Penthouse, Urban Dance Squad. J'ai de super relations avec ces gens là. Ils m'aiment vraiment beaucoup.

Petit mais Maousse costo

T’EM : Quelle est ta préparation avant de monter sur scène ?

Petit Vodo : Je ne fais pas de muscu, ni de séance de zen. En général j'aime bien m'enfiler un petit Cognac. Mais il n'y a pas vraiment de préparation. Si il y en avait une, elle se ferait par le vide car mon spectacle est plein de moi et de son. J’ai la trouille à chaque fois que je monte sur scène.

T’EM : Actuellement tu crois que tu as un bon niveau physique ?

Petit Vodo : C'est un travail hyper physique. Assurer une première partie, ça veut dire qu'il faut être intense pendant peu de temps. Il y a un morceau qui s'appelle « Hey Mother » qui est assez lent. Il y a très peu de matière, juste un texte. Il y a un sample que j'ai fait à la guitare acoustique et ce morceau fait un peu retombé la pression avant les derniers morceaux, comme Secator, où j'utilise la batterie en même temps, qui donne un coup de pêche. Physiquement, je sais aussi qu'a partir de la trentième minute, je commence à avoir un peu chaud. J'ai besoin d'une pause avant de finir sur un gros coup de pêche.

T’EM : Comment considères-tu ton apport à la musique que tu écoutes ?

Petit Vodo : Mon apport ? Je ne sais pas. Je le construis. C'est une écriture qui ce fait au fur et à mesure. Je ne sais pas si je suis bien placé pour dire: voilà j'apporte tel truc dans cette musique. Etant donné que mon travail est un mix de toutes les références que j'aime du Rn'R et du Blues. En même temps, c’est une performance très physique et très personnelle… plus tous mes textes… Je suis incapable de te dire mon apport.

T’EM : De quoi parlent les textes ?

Petit Vodo : Mes textes parlent essentiellement de femmes. Ca parle également de mon père et de mon grand-père. Mon nom Petit Vodo vient de mon grand père qui était Tchécoslovaque, réfugié politique. Il s'appelait « Petrevodopivitch », ce qui veut dire Pierre le fils du buveur d'eau. En hommage à mon grand-père que je n'ai jamais connu, j'ai pris ce nom de scène Vodo. Les chansons lui font hommage. Elles parlent également de ce passage entre l'enfance et l’âge adulte. Un passage difficile. La chanson « Hey Mother » interpelle une mère potentielle. Chacun peut dire: « Maman tu ne m'avais jamais encore parler de cet étrange animal que l’on appelle l'amour, et je suis encore un enfant dans ma tête, et je ne vois pas pourquoi je ferais des choses adultes. »

Les projets

T’EM : Quels sont les objectifs de Petit Vodo ?

Petit Vodo : D’abord un split single avec un groupe que j'aime beaucoup qui s'appelle Les Oisillons Tombés Du Nid, qui sont des amis. Ils font une musique qui n'a absolument rien à voir avec la mienne. Ensuite, un album, s’il se fait, ce ne sera pas avant fin 1998. Le 15 novembre prochain, il y a un tremplin à Bergerac. Si je remporte le prix, il y a un CD 4 titres qui sortira à la suite.

T’EM : Dans le futur est-ce que tu aimerais incorporer d'autres instruments ?

Petit Vodo : Bien sûr. C’est complètement ouvert, je suis en chantier en ce moment. Je ne veux pas faire n'importe quoi et j'aime la simplicité en même temps. J'aime que ça garde un côté simple et efficace. Depuis 7-8 concerts, je joue également avec un sampler. Les samples, je les fais chez moi. Puisque j'ai la chance de pouvoir travailler avec des techniciens et d'autres groupes peut-être que de nouvelles idées vont naître. Par exemple, j'aimerais bien travailler avec ce gugus là-bas en face de moi (DJ DNA). C’est un excellent DJ.

T’EM : Quels sont les échos de la presse vis à vis de ta musique?

Petit Vodo : C'est con de dire ça, mais j'ai une très bonne presse. J'ai plusieurs portraits qui ont été faits par la télévision. Un que vient de faire M6 et un autre que va faire France 3. Je ne sais pas quand ils seront diffusés.

Un jour à Bordeaux

T’EM : Tu étais au concert du 14 Juin 1997 à Bordeaux, quels souvenirs tu en gardes ? (« Généreux prodige, Noir Désir accueille la relève et crée, le temps d’une journée, l’espace d’une liberté d’expression bien plus que musicale… » extrait de la compilation «Un Jour A Bordeaux»)

Petit Vodo : J'ai plus de souvenirs de tout ce qui était la préparation du concert. Je suis très proche de la structure Transrock. J'ai donc vu de l'intérieur comment ça c'était monté. Ce qui est à retenir, c'est que ça a permis à beaucoup de groupes de Bordeaux, qui se connaissaient directement ou indirectement de faire tomber les barrières stylistiques, de se rencontrer, de passer une agréable journée. Désormais, on se connaît et on se reconnaît.

T’EM : Quelle importance donnes-tu en fait à ce concert là ?

Petit Vodo : Une très grande importance. J’ai trouvé que c'était sacrement culotté. Ca faisait des années que j'avais envie qu'il se passe quelque chose à la Bastille. J'ai un grand respect pour les actions menées par tous ces gens. C’était à l'initiative des Noir Désir. Mais Noir Désir c'est le côté qui brille… Dans cette opération là, il y avait énormément de gens qui étaient derrière, qui voulaient faire bouger les choses. Je pense que le public à bien répondu. C'est vrai, il y avait Noir Désir à 40F, mais je pense qu'il s'est passé autre chose, et ça c'était important.

T’EM : Que penses-tu de l'action de B. Cantat (Noir Désir) vis à vis du Sous-Marin à Vitrolles ? (Ville venant de tomber entre les mains d’un maire FN qui a fait fermé une salle de concerts)

Petit Vodo : J'étais signataire de la pétition de tous les artistes pour le Sous-Marin. Il y a eut un premier bus pour le Sous-Marin. Mais je n’en faisais pas partie, j'avais un concert ce soir là. S’il y a d'autres actions dans cette perspective, je répondrai présent.

T’EM : Le front national avec la culture, ça te fait penser à quoi?

Petit Vodo : Tu veux que je réponde à ça ? J'ai même pas envie d'y penser. Ce sont des mots qui ne vont pas ensemble front national et culture.

T’EM : A Bordeaux, beaucoup de groupes sont originaux, pourquoi?

Petit Vodo : Bordeaux c'est un port qui a perdu tout son cachet de port, toute son activité portuaire. Je crois qu'il y a une atmosphère un peu Underground quand même. Il y a pas mal de clubs, beaucoup d'activistes. C'est assez culturel. Ce n’est pas un phénomène récent, il y a toujours eut beaucoup de groupes qui ont bougé, évidemment, on a retenu que ceux qui ont percé. Je ne veux pas répondre à la place des Belly Button ou de Dèche d'en Face, si c’est à eux que tu penses pour l'originalité, car je me sens à la fois proche et pas du tout. La force de ces groupes, c'est de tenter une expérience et d'être honnête jusqu’au bout.

T’EM : Ce soir qu'est-ce que tu as pensé du public ?

Petit Vodo : Là je viens d'enfiler plusieurs dates à la suite où tous les soirs il y avais 500 personnes en moyenne. C'est nouveau pour moi. A Bordeaux, beaucoup de gens m'ont vu, et je commence à y être connu. Alors que lors de cette petite tournée, je découvre un public, qui va prendre mon travail avec toute sa fraîcheur. Je pense qu’il apprécie mon travail et qu'il sera favorable à ma continuité…