Interview de Petit Vodo
pour Rock Sound #80

(mai 2000)
par Olivier Portnoi

 

Une fois n'est pas coutume, un disque d'un artiste français sort simultanément en France et en Angleterre. Petit Vodo, rejeton d'une famille de groupes centrés sur l'expérimentation et la déconstruction, reprend avec "69 Stereovox" les fondations rock'n'roll pour générer le chaos. Jouissif.

"Y'a pas de musique plus sexy que celle de Petit Vodo" Elvis Presley

PV : Je me suis retrouvé à jouer il y a deux ans et demi avec Penthouse (depuis rebaptisé Fifty Tons Of Black Terror - ndr) à Rennes, explique Sébastien, le petit bonhomme derrière Petit Vodo. Le courant est immédiatement passé entre nous. ils sont retournés à Londres avec mes maquettes et les ont transmises à leur première maison de disques. Butcher's Wig m'a immédiatement rappelé. Un single trois titres a suivi.

RS : Le 45t fait l'effet d'une bombe Outre-Manche et reçoit les éloges du NME. Conséquence, "Stereovox" sort aujourd'hui simultanément en France et en Angleterre où une tournée de 13 dates aux côtés de Bone Box et Fifty Tons Of Black Terror attend Petit Vodo. Le french rock'n'roll lover n'a pas fini de faire des émules.

PV : J'ai beaucoup d'estime pour les groupes anglais car je vois la difficulté qu'ils rencontrent pour survivre. C'est vraiment marche ou crève là-bas. On ne te loge pas, on ne te nourrie pas et il n'y a pas d'intermittence. Les groupes qui marchent le mérite souvent.

RS : Roi du bricolage, Petit Vodo passe toutes ses influences à la moulinette. Le français noue des liens avec les univers de Jon Spencer, Doo Rag et Tom Waits. Bien au-delà de la bête de foire capable de jouer plusieurs instruments à la fois, Petit Vodo mène la vie dure au rock'n'roll.

PV : Je n'ai pas eu envie de faire un groupe seul Ma démarche est proche de la performance telle que tu la retrouvais du temps du Velvet Underground. J'aimerai qu'il y ait un retour de l'avant garde. Cela ne veut pas forcément dire expérimental mais quelque chose qui fout une baffe là où cela fait du bien. S'il y a un avenir à Petit Vodo, c'est un avenir avec d'autres musiciens. Je n'ai pas envie de finir seul dans une vieille caravane comme Hasil Adkins à tirer à la carabine sur des ordinateurs. J'ai une idée plus évolutive de mon travail. Cela ne me gêne que l'on me voit uniquement comme l'homme qui fait tout sur scène.