article du dossier Zoom
paru dans Punk Rawk #34
(oct/nov/déc 2006)
Par Patrick Foulhoux

Welcome To Paradise
Ce retour mystique du Bordelais vers les racines du blues relève d'une crise mystique. C'est lui qui le dit !

D'après lui, Paradise signifie que Petit Vodo cherche son chemin. Une allusion typiquement blues : "les affres de la vie m'ont conduit vers cette ambiance générale." Très tôt considéré comme un bluesman, particulièrement en Grande-Bretagne, Petit Vodo aimerait bien se débarrasser de cette étiquette. Non pas qu'elle ne lui convienne pas, mais elle est souvent mal interprétée : "En France, le mot 'blues' est lié au Chicago Blues. Je n'appartiens pas à ce courant. Le blues aujourd'hui, pour moi, c'est Billy Childish, Bonnie Prince Billy, John Parish, The Black Keys, Holly Golightly, Ben Kweller, Tom Waits, Nick Cave, Calexico, The Eels, The Dead Brothers, Hell's Kitchen… Ce nouvel album marque peut-être une parenthèse ou une confirmation dans ma vie artistique." Le Girondin joue le blues dans sa plus simple expression pour en révéler toute sa sauvagerie et pour le régénérer sans cesse. Il s'adjoint les service d'une batteuse pour la scène afin d'enrichir son espace musical et livre un titre comme "Right And Lovely Sorrows" qui fait le lien entre tous ses disques : "Mon rêve est de jouer accompagné d'un big band de 50 musiciens !" Il lui est difficile de cacher que sur Paradise de nombreuses chansons cachent de petits hommages discrets. Et il y a l'évident "Skip James At Paradise" qui est "habité par l'ombre de Nehemia Curtis James, Malcom X et tous les prêcheurs noirs américains." Les incrédules se demandent ce qu'un bluesman vient faire dans ces pages. Il existe des parallèles pourtant évidents entre les deux disciplines : " À son apparition, le punk marquait une forme de révolte. Son côté âpre et sauvage exprime un message identique à celui des pionniers du blues entre 1920 et 1940. Robert Johnson, Skip James, Memphis Minnie, Dan Picket, Charley Patton étaient les punks de leur temps. Isolés et révoltés, ils n'attendaient rien de l'avenir. Leur 'No Future' n'était pas une mince affaire. Aujourd'hui, on n'a plus rien à perdre. Les artistes doivent croire en eux. On peux gueuler maintenant." Comme quoi l'esprit punk n'appartient pas qu'aux punks !