Interview pour Kérosène #8
(printemps 1999)
par E.T.

"Petit vodo, sur scène, c'est une véritable explosion volcanique" Haroun Tazieff

Kérosène : […] pourquoi joue-t-il tout seul ? Peut-être ne s'entend-il pas avec les autres musiciens...

Petit Vodo : J'ai un mauvais caractère certes mais cela n'a aucun rapport avec les musiciens au contraire, je m'entends très bien avec eux. Il y en a beaucoup qui travaillent avec moi. Sur Bordeaux j'ai enregistré avec pas mal de musiciens, ça me permet de mieux me positionner seul. J'ai par ailleurs un petit projet de formation en parallèle. Je n'ai pas toujours été tout seul, avant, j'étais batteur dans une formation de blues traditionnelle, et puis un jour je me suis retrouvé seul. J'ai commencé à composer seul et à toucher à tous les instruments en même temps pour trouver une formule adaptée. Mon objectif n'était pas de faire de la scène mais de parvenir à réaliser mes maquettes tout seul. Elles ont commencé à circuler à Bordeaux, des gens ont remarqué mes cassettes et ça a plu. Noir Désir m'ont donné la chance de faire leur première et depuis c'est parti. Un peu plus tard, MSI et Vicious Circle m ont fait une proposition. Comme je connaissais Vicious Circle car ils travaillaient avec Dèche Dans Face que je connaissais des gens d'Abus Dangereux et que j'appréciais leur travail ça c'est fait avec eux.

K : Quand on lit des articles sur Petit Vodo, il est souvent comparé à des artistes célèbres comme Jon Spencer ou Beck. Les majors ne se sont pas intéressées à lui ?

PV : Pour l'instant aucune major ne m'a rien proposé. Peut-être que si j'avais attendu... Mais je suis très content d'être chez Vicious Circle. En plus, ils ont l'avantage d'être diffusé par PIAS. La diffusion de mes disques est très large. Quant aux comparaisons qu'on fait ce sont les journalistes Mon seul point commun avec eux est la volonté de ne pas enfermer le blues ou le rock'n'roll dans une image archétypée et d'en faire une musique toujours vivante avec des textes forts des années 25 et qui signifie encore quelque chose dans la musique contemporaine. Le blues s'il est un style musical ne m'intéresse pas mais s'il est un art de vive, une manière d'être, là il m'intéresse et je retrouve cet état d'esprit chez des gens comme les rappeurs, chez Jon Spencer. Grâce à lui le rock est sorti de son carcan banane rockabilly d'une part et du rock'n'roll FM des années 80 d'autre part. Même s'il y avait de bonnes choses. Aujourd'hui le rock'n'roll redevient crasseux sans jamais forcément retomber dans le punk mais quelque chose de rugueux comme le faisait Gene Vincent ou Eddie Cochrane dans les années 50. Avec d'autres manières, d'autres mentalités mais c'était la même chose.

K : Néanmoins, il vit avec son temps et il n'est pas insensible à la techno :

PV : La techno pour la techno ne m'intéresse pas mais j'adore le bidouillage et triturer les sons. En Angleterre, j'ai rencontré un DJ qui ma proposé de remixer mes morceaux en direct.

K : A part ce projet de performance live, un 3 titres va sortir sur le label de Butcher's Vig et son prochain album est prévu pour début 2000.