Interview de Petit Vodo
pour Gold FM 103.3
octobre 2001

"Petit Vodo a été mon élève le plus brillant" Yvette Horner

Sur Gold FM

Petit Vodo était l'invité de Thierry Buffetaud sur Gold Fm le vendredi 26 octobre 2001, avant son concert à Libourne le 27 octobre en première partie de Ska-P. Il faut préciser que Petit Vodo est à son deuxième album et que le blues qu'il propose marche bien en Angleterre, Australie, Japon... D'origine bordelaise, ce "Rémy Brika" du rock est un véritable phénomène, qui de plus a beaucoup de choses à dire.

Thierry Buffeteaud : Petit Vodo, tu étais venu il y a quelques années dans notre studio et tu avais joué en direct à l'antenne.

Petit Vodo : Maintenant que tu en parles je m'en souviens. Un moment sympa.

TB : J'avais découvert à ce moment là le "phénomène" Petit Vodo, le fait de jouer seul en scène tous les instruments et effets, c'est étonnant ?

PV : Oui, c'est la partie immergée de l'iceberg, celle qui se voit tout de suite, ce coté spectaculaire d'une personne qui joue de plusieurs choses sur scène. J'ai eu l'occasion de dire souvent que tout ça n'est qu'un prétexte pour moi, il y a bien d'autres choses que je recherche avec ma musique.

TB : Je vais passer rapidement sur la question habituelle, mais le côté Rémy Brika ça fait plaisir cette comparaison (rires...)

PV : Vous me devez 100 balles (rires...) si toute personne qui m'a fait cette comparaison m'avait donné 100 balles j'aurai pu me passer de la S.A.C.E.M. pour vivre.

TB : Je pense que cette touche originale et la qualité du blues que tu proposes fait que ça a "marché".

PV : En France, oui ça a été un vecteur très important pour moi. Historiquement, j'ai commencé ce jeu de scène seul à l'occasion d'une performance faite, comme à l'époque du pop art, au Krakatoa à Mérignac. C'était pour Joseph Arthur l'ex chanteur des Taxi Girl et cette performance avec l'appui de la presse, des Noir Désir et du public est devenu peu à peu mon travail musical et scénique. Je l'ai développé jusqu'à l'étape d'aujourd'hui qui ne reste qu'une étape.

Bordeaux & Cie

TB : Il faut signaler que tu es bordelais, la scène bordelaise est représentée par Noir Désir, il y a aussi Edgar de l'est, les Hurlements de Léo, les Rageoons Gratoons... Comment tu te situes dans cette "famille" ?

PV : Il y a des chapelles comme dans toute histoire du rock, paradoxalement les groupes avec lesquels je m'entends bien dans la région bordelaise sont des gens qui font un travail totalement différent du mien, je pense aux oisillons tombés du nid. Depuis de nombreuses années j'ai des relations avec Patrice et Eric, j'ai enregistré un disque avec eux il y a quelques années de çà. C'est le côté bricolage qui m'intéressait dans leur boulot, c'était commun à mon travail. Maintenant je suis parti de Bordeaux, je suis moins présent des scènes Bordelaises, on me voit plus à Paris ou à Londres. c'est un choix que j'ai fait de sortir du microcosme pour aller vers d'autres horizons, ce qui m'a permis de rencontrer des gens en Angleterre ou aux U.S.A. qui m'ont aidés. Cette ouverture m'a apporté beaucoup à mon travail alors que le "macrocosme" bordelais ne m'a pas ennuyé mais il était limité par rapport à ma recherche. Il faut savoir sortir des chapelles, les oisillons tombés du nid ont failli mourir d'être trop dans une chapelle et le jour où ils ont fait le pas de s'ouvrir au national et à l'international ça a bousté leur travail et leur reconnaissance. Les Rageoons Gratoons ne peuvent pas dire l'inverse, ils sont tout le temps sur la route. Il faut exister dans sa ville pour pouvoir en sortir.

TB : Il y a quand même derrière toi toute une équipe, aussi tous les actes de Petit Vodo sont réfléchis.

PV : Mes premières années de concert était très rock, très garage, c'est vrai que l'aspect travail d'équipe je m'en moquais un peu. je voulais être plus un performeur qu'un musicien, avec les années j'ai compris qu'il fallait que je m'entoure de gens, de producteurs, d'ingénieurs du son, de musiciens... J'ai rencontré des personnes qui étaient intéressées par divers aspects de mon travail. A partir du 2ème album je suis rentré dans une nouvelle période de mon travail et je ne pourrais pas me passer de cette équipe. Ce groupe fait que mon travail est autre chose qu'une performance, et que mes albums sont ceux d'un collège de pensées.

TB : Ton 2ème album a reçu de bonnes critiques par le presse, on le dit moins bricolé que le 1er.

PV : Le premier est enregistré en 3 jours et 3 nuits dans un studio prêté par les Noir Désir, le 2ème j'ai écrit les textes et fait beaucoup de maquettes. Il vient de sortir au Canada et en Australie, je vais y faire des concerts. Pour moi cet album est déjà du passé car le 3ème est presque terminé et sortira en 2002. Il sera encore plus produit et va en surprendre plus d'un.

Internet 'n' Blues

TB : Tu es connu dans beaucoup de pays, avec Internet ?

PV : Oui, c'est Internet mais en ce qui concerne le Japon, les U.S.A., l'Australie c'est un travail sur le terrain, les japonais m'ont découverts à Londres. Ma présence sur des sites est utile mais aller à Londres qui est une plaque tournante c'est le must. J'ai signé chez E.M.I à Londres. Je ne regrette pas d'y être allé, même si au début j'étais mal payé.

TB : Je pense que tu es très présent dans la réalité de notre époque. En effet tes inspirations dans le blues et la manière dont tu travailles cette musique qui est très moderne, avec des samples et autres effets. C'est une quête des sources et une envie d'aller de l'avant.

PV : Je suis quelqu'un de mon siècle, le blues est une façon de penser et non un style, moi je ne suis pas programmé avec Benoît Blue Boy. Mon attitude est de prendre les choses à la source, je suis plus prêt des rappeurs qui comme dans le blues parle de la vie de tous les jours comme à l'époque des champs de coton plutôt que dans une musique qui s'enfermerait dans des carcans épuisés que l'on croit inépuisables, ça m'intéresse d'être de mon époque et d'utiliser les moyens d'aujourd'hui.

TB : Tu es en concert à Libourne en première partie de Ska-P, choix étonnant ?

PV : Pourquoi pas, mais j'ai fait une fois la première partie de Simple Minds devant 8000 personnes et certains continuent de venir à mes concerts. Je suis plus connu en Angleterre mais tout va bien.