Abus Dangereux Face 101 • été 2007

10 ANS DE SCÈNE DE PETIT VODO

02.02.07 — Krakatoa, Bordeaux

J'étais descendue spécialement à Bordeaux pour assister au festival organisé par Petit Vodo pour ses 10 ans de scène. Et 10 ans, à Abus Dangereux on est bien placés pour savoir que ce n'est pas rien !

Malgré le retard du train, un froid glacial et des problèmes de boîtier de vitesse, j'arrivais pile pour découvrir les Hell's Kitchen dont le label manager de Lollipop me ventait les mérites quelques mois plus tôt. Les Hell's Kitchen sont suisses mais jouent le blues comme ils aiment l'entendre : avec un mélange de sincérité et de légende, un chant nasillard et des grincements... de batterie de cuisine. Heureux d'être là, assis mais toujours un pied en l'air, le trio joue avec ses racines multiples pour ménager des effets de surprise et faire passer du bon temps à qui veut bien le suivre. Ainsi l'un des moments les plus forts du concert tourne autour d'un tambour de machine à laver tandis que l'un frotte les cordes de sa contrebasse et que le troisième fait sauter les cordes de sa guitare en bois.

Dennis Hopper Choppers : retenez ce nom... et surtout sa voix : immense comme sa carrure ! Seul sur scène avec sa batterie, sa guitare et son orgue, cet anglais sait déjà vous filer des frissons qui prennent leurs racines dans l'inconscient rock'n'roll. Le son de la guitare vibre à l'unisson de sa voix de crooner, même s'il sait explorer d'autres contrées que son disque disponible sous le manteau dévoile. Richard Hawley n'a qu'à bien se tenir !

Red cache ses yeux de roux derrière d'énormes lunettes de soleil qui vont bien avec l'imagerie rock'n'roll qu'il vient d'adopter. Non plus de folk ou de jazz, mesdames et messieurs mais du vrai rock à guitares (rouge et rectangulaire pour lui !) avec de l'orgue dedans et une bonne dose de groove. La grande salle du Krakatoa désespérément vide résonne de l'électricité accumulée dans cette voix qui gronde ou râle selon l'humeur et rend le concert encore plus désespéré et hypnotique. (Une semaine après à Paris, le public chaleureux d'une Maroquinerie archicomble ne voulait plus laisser partir l'homme à la casquette)

Il semble en effet que les Bordelais n'avaient pas su répondre à l'invitation de Petit Vodo qui leur avait préparé pourtant de bien belles surprises en plus de ce choix d'artistes. II les a bravement distillées au fur et à mesure de son set, comme si tout le monde avait fait le chemin depuis Londres ou Paris. Ici l'accordéon de Pascal Lamige accompagnait son morceau le plus roots. Là, son ami de toujours Laurent Domenech supportait le duo guitare/batterie de sa basse acoustique. Tout à coup "Skip James" emplit de ses échos martiaux la salle et nous transporte ailleurs...dans une soirée où la sueur dégoulinerait le long des corps, où la bière trinquerait avec le vin, où les filles trépigneraient au premier rang pendant que Petit Vodo se roule parterre et Miss Caroline joue de la flûte traversière. Les Hyènes prennent le volant de la "Bigstarmobile", rejoints par Red et son groupe et bientôt tout cela n'est plus qu'un grand/petit moment de rock'n'roll... dont je pourrai fièrement dire dans 10 ans : "j' y étais ! "

Cathimini